Article issu de la lettre de l’Observatoire des ambroisies n°57 – novembre 2018
Quelles sont les espèces d’ambroisies présentes en Autriche ?
Selon Montagnani et al, 2017, 3 espèces d’ambroisies, toutes exotiques, sont présentes en Autriche (1) :
- Ambrosia artemisiifolia, la plus fréquente
- Ambrosia trifida
- Ambrosia psilostachya
Pour rappel, ce sont les mêmes espèces que celles qui sont classées et surveillées en France en tant qu’espèces à enjeux pour la santé humaine.
Quels impacts en Autriche ?
En Autriche comme dans de nombreux autres pays européens, l’ambroisie est non seulement un problème agricole car entraînant des pertes de rendement pouvant atteindre 70%, mais également un problème de santé publique en raison du pouvoir allergène de son pollen. En effet, on estime à 630€ le coût annuel des soins de santé par personne concernée en Autriche. D’après les estimations de l’Université de médecine de Vienne, environ 1 million de personnes seraient déjà touchées par le pollen d’ambroisie. L’est de l’Autriche est la zone agricole la plus importante et la région dans laquelle l’ambroisie est la plus abondante. Néanmoins, la plante s’étend de manière exponentielle. On peut donc la trouver presque partout dans le pays, à l’exception des Alpes.
Quelles mesures sont mises en place ? (2)
Avec le nombre de personnes souffrant d’allergie au pollen, la prise de conscience de la population a également augmenté, notamment grâce aux médias. Les initiatives privées, les agriculteurs et les gestionnaires de bord de route jouent un rôle majeur dans la lutte contre l’ambroisie et la plupart d’entre eux font un très bon travail.
Cependant, la gestion de l’ambroisie en Autriche est complexifiée par le fait que le pays est divisé en neuf états fédérés, chacun disposant de sa propre législation en matière de protection des plantes, d’utilisation de pesticides, de protection de la nature, de questions agricoles, etc. Il existe par ailleurs un manque de sensibilisation et de compétences – non pas des agriculteurs et des gestionnaires de routes, mais surtout au niveau des politiques. Au cours des deux dernières années, l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne (BOKU) a mené de nombreuses études et formulé diverses recommandations, mais la plupart d’entre elles n’ont pas été appliquées, principalement en raison de l’absence de collaboration des représentants d’intérêts concernés.
Des recommandations parfois difficilement applicables
Par exemple, si un agriculteur décide de convertir son champ en jachère pour une ou plusieurs années, il/elle bénéficiera d’une subvention pour la conservation des sols. Un prérequis est que le champ ne soit pas fauché (engrais vert) avant la fin du mois d’août. Si ce champ est contaminé par l’ambroisie, l’Université recommande une coupe début août, lorsque les graines ne sont pas encore développées, mais dans ce cas, l’agriculteur perdrait toute la subvention. Malgré plusieurs tentatives de négociations, une solution à cette contradiction n’est pas encore en vue. Et ceci est également vrai pour de nombreux autres cas, car la propagation de l’ambroisie est plus rapide que le temps de réaction des autorités.
Sources :
(1) C. Montagnani, R. Gentili, M. Smith, M. F. Guarino & S. Citterio, 2017. The Worldwide Spread, Success, and Impact of Ragweed (Ambrosia spp.), Critical Reviews in Plant Sciences 36(3):1-40
(2) Rea Maria Hall, 2018. Lettre de l’Observatoire des ambroisies n°57.