Ophraella communa, mangeuse d’ambroisie

Qu’est-ce que Ophraella communa ?

Ophraella communa est un petit coléoptère originaire d’Amérique du Nord, appartenant à la famille des Chrysomelidae. Il se nourrit exclusivement de l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia), plante envahissante et fortement allergisante. Cette spécificité en fait un agent potentiel de lutte biologique particulièrement prometteur.

Découverte accidentellement en Italie en 2013, Ophraella communa y a démontré son efficacité, avec des impacts mesurables sur la biomasse de la plante et la quantité de pollen libérée dans l’air.

Détection en France métropolitaine

Après une apparition spontanée en 2023 dans la région lyonnaise, Ophraella communa a été observée dans plusieurs départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi qu’au sud jusqu’au Vaucluse. Ces observations suggèrent une installation progressive de l’insecte dans certaines plaines du Rhône, de l’Isère et du nord de la Drôme.

Des signalements plus ponctuels ont aussi été confirmés vers le nord (Beaujolais) et le sud (secteur d’Avignon), indiquant un front de colonisation en cours.

❗Il est interdit de déplacer volontairement cet insecte, afin de ne pas interférer avec les suivis scientifiques en cours.

Signalements des populations d’Ophraella communa en France remontés à l’Observatoire des ambroisies (bleu : signalements 2023, orange : signalements 2024).
Si vous en observez, merci de signaler sa présence dans la Plateforme de signalement ambroisie en cochant la case « ambroisie grignotée » en joignant une photo et en précisant votre observation dans les commentaires.

Comment Ophraella communa est-elle arrivée en France ?

La chrysomèle de l’ambroisie est originaire d’Amérique du Nord, comme sa plante hôte. A noter qu’elle s’est depuis installée dans de nombreux pays du globe. Par exemple, la Chine l’utilise depuis quelque temps déjà en tant qu’agent de lutte biologique contre l’ambroisie.

Par ailleurs, en 2013, l’Homme a introduit accidentellement l’espèce dans le Nord de l’Italie.

Bien que cela ne soit pas confirmé, on peut penser que la proximité de sa zone d’établissement italienne a un lien avec son introduction en France.

Pour rappel, l’Ambroisie à feuilles d’armoise, introduite en Europe au XIXe siècle, est aujourd’hui présente dans l’ensemble des régions métropolitaines.

Dégats sur Ambroisie à feuilles d'armoise

Source : Observatoire des ambroisies – FREDON France – Lyon octobre 2023

Larve d'Ophraella communa

Source : Observatoire des ambroisies – FREDON France – Lyon octobre 2023

Oeufs d'Ophraella communa

Source : Observatoire des ambroisies – FREDON France – Lyon octobre 2023

Adulte d'Ophraella communa

Source : Observatoire des ambroisies – FREDON France – Lyon octobre 2023

Quelles conséquences sur la lutte contre les ambroisies ?

La présence de l’insecte en France peut représenter un véritable tournant dans la lutte contre ces plantes au pollen allergisant. En effet, dans son rapport d’expertise collective publié en 2019, l’Anses évaluait l’efficacité du coléoptère en tant qu’agent de lutte biologique. Leurs conclusions sont prometteuses.

Pourquoi cette espèce est-elle prometteuse ?

✔ Spécifique à l’ambroisie
✔ Présente naturellement en France
✔ Efficace en défoliation
✔ Potentiellement complémentaire aux autres moyens de lutte (fauche, arrachage, gestion paysagère)

Ophraella communa en quelques chiffres

Dans le Nord de l’Italie, la chrysomèle attaque les populations d’ambroisie avec une incidence comprise entre 90% et 100%. Les plantes attaquées ont souvent présenté une défoliation complète en fin de saison. En conséquence, on constate une diminution de la production de grains de pollen et de semences. Dans de nombreux cas, cela résulte en une baisse de la densité de population d’ambroisies.

Dans la région de Milan, les émissions de pollen ont ainsi chuté de 80%.

Les scientifiques ont estimé qu’une introduction en ex-région Rhône-Alpes, en appliquant les mêmes facteurs, pourrait réduire de plus de 50% le risque allergique. En conséquence, cela résulterait en une baisse de 75% à 85% des coûts de santé associés.

Rappel : en France, le coût annuel de la prise en charge médicale (médicaments, consultations, etc.) de l’ambroisie est estimé à un total compris entre 59 et 186 Millions €/an.

 


Études scientifiques et actions en cours

Depuis 2021, un programme de recherche piloté par l’INRAE explore le potentiel de Ophraella communa comme agent de lutte biologique contre l’ambroisie en France, avec plusieurs axes de travail :

1. Évaluation de la spécificité et des risques

Des tests approfondis menés en laboratoire ont confirmé que Ophraella communa se nourrit exclusivement d’ambroisie, sans danger pour les plantes cultivées ou la flore indigène.

2. Surveillance de la population naturelle

Avec le soutien de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes et des partenaires locaux (FREDON, collectivités, référents ambroisie), une cartographie de la population spontanée est en cours. Ces suivis visent à comprendre la dynamique de colonisation et les facteurs limitants (climat, disponibilité en ambroisie, densité d’insectes…).

3. Études sur l’efficacité et la biologie

Les chercheurs observent une herbivorie importante en fin d’été, parfois proche de 100 % localement (feuilles + épis floraux), mais des populations encore faibles en début de saison. L’hiver semble ralentir le développement des premières générations, ce qui pourrait expliquer une différence de comportement par rapport à l’Italie.

4. Projet de production et de lâchers expérimentaux

En parallèle du suivi naturel, l’INRAE développe une méthode de production de masse pour de futurs lâchers expérimentaux dans des zones ciblées. Ces essais permettront de mesurer les conditions optimales pour une installation durable.

Reconnaître la chrysomèle de l’ambroisie : Ophraella communa

Cette chrysomèle est un prédateur naturel de l’Ambroisie à feuilles d’armoise se nourrissant de ses feuilles et fleurs. 

Les scientifiques l’étudient actuellement de près pour mieux comprendre son écologie et identifier les éventuels problèmes que sa présence pourrait causer.

Photographie d’une larve de chrysomèle de l’ambroisie

Crédit photo : Claude CHAVAND

Photographie d’un adulte de chrysomèle de l’ambroisie

Crédit photo : Claude CHAVAND

Principaux critères de reconnaissance :

  • La larve est de couleur brune.
  • L’adulte, qui mesure généralement entre 4 et 6 mm, est de couleur jaune avec des lignes jaunes longitudinales sur le corps.
  • Il se nourrit des feuilles de l’ambroisie.

Pour connaître plus en détail, les critères permettant de différencier la chrysomèle de l’ambroisie des autres coléoptères, vous pouvez consulter notre fiche de reconnaissance.

Pour en savoir plus sur Ophraella communa vous pouvez regarder la vidéo de présentation de l’insecte, ci-dessous :

Photothèque

Sources

Évaluation des risques pour la santé des végétaux liés à Ophraella communa, rapport d’expertise collective de l’Anses (2015).

Efficacité du coléoptère Ophraella communa utilisé comme agent de lutte biologique contre les ambroisies, rapport d’expertise collective de l’Anses (2019).

Mouttet et al. 2018. Estimating economic benefits of biological control of Ambrosia artemisiifolia by Ophraella communa in southeastern France. Basic and applied Ecology 33 14-24.