Sur les chantiers / carrières

La problématique des plantes exotiques envahissantes est récurrente au sein des chantiers et des carrières. Ces milieux subissent des modifications qui ont souvent pour effet de mettre le sol à nu. L’apport de terres ou de granulats mais aussi les déplacements des machines favorisent la dispersion des semences et des jeunes plants.

Gestion préventive

La gestion préventive au sein des chantiers et/ou sur les sites de carrière joue un rôle prépondérant dans la lutte contre l’ambroisie. Les activités induisent un fort risque d’envahissement tout au long des travaux et les opérations de prévention demandent une très bonne coordination. Ainsi, plusieurs actions peuvent être mises en place pour éviter l’installation de la plante ou l’aggravation de l’envahissement :

  Prévoir pour les marchés publics une clause « ambroisie » dans le cahier des clauses techniques particulières (CCTP), notamment dans les départements dotés d’arrêtés préfectoraux imposant la lutte contre l’ambroisie. Voir le document de consultation des entreprises lors de travaux d’aménagement ou d’entretien (CCTP, CCAP, BPU).
  Pour les chantiers privés, rappeler au propriétaire ses obligations lors de la délivrance du permis de construire.
  Contrôler la présence de semences dans les intrants (provenance des matériaux utilisés, etc.).  Voir le protocole d’estimation de la présence de graines d’ambroisie dans un échantillon de terre.
  Vérifier l’utilisation antérieure des engins et les nettoyer. Voir le guide pour nettoyer les engins de travaux
  Couvrir les tas de terre/granulats par couvert végétal, paillis ou membrane textile.
  Prévoir sur les chantiers de grande ampleur en zone envahie, la mise en place d’un dispositif destiné à nettoyer les pneus et les roues des véhicules circulant sur les zones de travaux qui permet de limiter la dissémination des semences.

Ambroisie à feuilles d'armoise sur chantier. Crédit : Observatoire des ambroisies FREDON France

Gestion curative

TECHNIQUES AVANTAGES INCONVÉNIENTS APPLICATION/PRÉCAUTION
Arrachage manuel Technique la plus efficace pour un nettoyage complet de la zone Limitée à des surfaces réduites
Coût
Temps de travail
Pénibilité
Exposition au pollen
Port protections – Arracher avant la floraison pour une meilleure efficacité et pour éviter l’exposition au pollen
Désherbage mécanique
Fauchage
Destruction précoce de l’ambroisie
De 75 à 90% d’efficacité
Efficacité liée aux conditions climatiques – Risque de nouvelles levées – Accessibilité aux sites envahis réduite – Plusieurs passages sont nécessaires Deux passages sont nécessaires : un premier avant pollinisation et l’autre avant grenaison
Désherbage
thermique
Destruction précoce de l’ambroisie – Jusque 100% d’efficacité Coût en équipement – Fréquence d’intervention annuelle élevée – Bilan énergétique élevé (combustion de gaz) 2 techniques :
  Flamme directe ou indirecte (plutôt en avril-mai, stade jeune de la plante)
  Eau chaude, vapeur (effets encore aléatoires) : utilisation stade jeune de la plante même si efficace à tous les stades
Désherbage chimique Efficacité sur de grandes surfaces Coût – Impact environnemental et sanitaire – Respect de la règlementation phyto et bonnes pratiques Choix du produit le plus adéquat en fonction du stade de développement de l’ambroisie – Protections réglementaires pour la santé et l’environnement

Qui intervient ?

Tous les acteurs d’un chantier sont concernés : le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et les entreprises.

Le maître d’ouvrage est responsable de la prévention et de l’élimination de l’ambroisie. Il décide d’intégrer le risque ambroisie dans son opération et donne aux entreprises les moyens de lutte.

Le maître d’œuvre présente au maître d’ouvrage les modalités techniques de gestion de l’ambroisie. Il s’assure de la prise en compte des choix du maître d’ouvrage par les entreprises et rend compte du management du risque ambroisie tout au long du chantier.

Les entrepreneurs mettent en œuvre les techniques de lutte retenues et/ou les proposent selon les conditions du marché. Ils doivent éviter toute contamination des chantiers et assurer la destruction de la plante. Ils doivent également veiller à la protection des salariés si la plante est présente (port des équipements de protection individuelle adaptés).

Pour faciliter la lutte et impliquer les entreprises en charge des travaux, les collectivités et autres acteurs publics peuvent faire figurer une clause « ambroisie » dans le cahier des charges des appels d’offre puis faire vérifier son application par un référent ambroisie. Ils peuvent également informer les habitants de la prise en compte de l’ambroisie sur les chantiers lors de la remise du permis de construire.

Les Installations de Stockage de Déchets Inertes (ISDI) sont également des lieux fréquemment envahis. L’exploitant est le responsable du management du risque ambroisie sur le terrain et les mêmes méthodes de gestion que celles pour les chantiers et carrières s’appliquent. Notons qu’une ISDI est soumise à la législation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) avec nécessité de remise en état et d’intégration paysagère après exploitation.

Exemple de bonne pratique

Avant les travaux
  Se renseigner sur la réglementation
  Se renseigner sur l’historique de présence de la plante sur le site (auprès des différents acteurs locaux : ARS, FREDON, référent ambroisie, etc.)
  Entre juin et octobre, visiter, constater la présence ou l’absence et, le cas échéant, détruire le plus rapidement possible à l’aide d’une des techniques proposées sur la page précédente
  Sensibiliser le personnel du chantier
  Vérifier que le matériel et les intrants (terres végétales, granulats, etc.) utilisés ne contiennent pas de semences d’ambroisie

Pendant les travaux
  Couvrir les tas de terre /remblai
  Nettoyer les engins mis en contact avec des semences
  Contrôler régulièrement les levées des plantes
  Si l’ambroisie apparait l’éliminer systématiquement (si possible avant sa floraison)
  Si possible laisser la terre contenant des semences sur place et réaliser l’ouvrage par-dessus ou la réutiliser en remblai en profondeur

Après les travaux
  Installer l’aménagement paysager et un couvert végétal sur les sols dénudés dès que possible
  Installer un paillis sur les surfaces souhaitées sans couvert végétal
  Mettre en place un suivi du site

Sur un chantier envahi, 4 principes fondamentaux sont à respecter : éviter la propagation des semences, éviter les exports de terre, ne pas laisser de terre dénudée et intervenir avant pollinisation.