Plante envahissante et fortement allergisante, l’ambroisie constitue un véritable enjeu de santé publique et environnemental, non seulement en Europe, mais aussi dans son territoire d’origine : les États-Unis. Ce pays, berceau de nombreuses espèces d’ambroisies, est confronté depuis des décennies à leur prolifération, avec des impacts notables sur la santé des populations.

En premier lieu, l’ambroisie est native et originaire du centre, de l’est des États-Unis et du sud du Canada. Elle a d’abord été retrouvée dans des étendues non bâties, telles que les plaines ou les terrains agricoles et a été introduite en Europe, en Asie et en Amérique du sud.

Quelles sont les espèces d’ambroisies présentes aux Etats-Unis ?

Selon IQVIA , 27 espèces d’ambroisies, sont présentes aux Etats-Unis :

Toutes ces espèces ont de forts caractères allergisants. Retrouvez le détail de chaque espèce.

Milieux colonisés et dispersion de l’ambroisie aux États-Unis

L’ambroisie est majoritairement retrouvée dans les aires rurales américaines mais peut également se situer dans les banlieues et les villes. Elle colonise les paysages le long des routes, des berges de rivières et dans les champs. Leur présence est donc favorisée par les activités humaines. En effet, les travaux de construction, l’entretien des routes, l’agriculture intensive et les sols fréquemment perturbés créent des milieux ouverts et instables, idéaux pour l’installation de cette plante. De plus, les transports (camions, engins agricoles, circulation routière) contribuent à la dispersion des graines sur de longues distances, car ces dernières peuvent se coincer sous les roues des véhicules ou dans les interstices des machines, puis retomber ailleurs. Ces conditions facilitent sa prolifération dans des zones où elle serait autrement absente.

La nature ne manque pas d’imagination : les ambroisies les plus insolites des États-Unis

Parmi elles, on retrouve Ambrosia dumosa, également appelée Boursière blanche, une plante du désert au feuillage duveteux et aux graines épineuses, capable de résister aux conditions arides de l’Arizona. Mais également Ambrosia ilicifolia, surnommée sauge à feuilles de houx qui se distingue par ses feuilles piquantes ressemblant à celles du houx, tandis que Ambrosia acanthicarpa (ou Ambroisie à épines plates) possède des épines plates et larges sur ses fruits, qui lui donnent l’air d’être prête à se défendre contre tout intrus.

Ambroisies aux États-Unis : quels impacts sanitaires ?

L’ambroisie est une mauvaise herbe envahissante qui prolifère dans l’ensemble des États-Unis, en particulier dans ceux situés à l’est du pays, à l’exception de l’Alaska. Chaque plante ne vit qu’une seule saison, mais elle peut produire jusqu’à un milliard de grains de pollen par saison, et son pollen peut voyager jusqu’à 400 miles (environ 640 km). Ainsi, aux États-Unis, environ 50 millions de personnes souffrent d’allergies au pollen, 23 millions étant affecté par l’ambroisie, en particulier dans les régions de l’Est et du Midwest.

La saison pollinique de l’ambroisie aux États-Unis

Selon la région, la saison de libération des pollens de l’ambroisie débute vers août et peut durer de six à dix semaines. Dans la plupart des régions des États-Unis, l’ambroisie libère du pollen de mi-septembre jusqu’à octobre. Cependant, depuis la fin du XXème siècle, la période du pollen est de plus en plus longue et intense avec le changement climatique. En effet, l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’air stimule les ambroisies à produire plus de pollen. Cette hausse de CO₂ agit comme un fertilisant pour les plantes, accélérant leur croissance et leur floraison. Elle provoque aussi une augmentation de la production de biomasse, ce qui conduit à une libération plus importante de grains de pollen dans l’atmosphère.

Réglementation de l’Ambroisie aux États-Unis

Aux États-Unis, la réglementation concernant l’ambroisie varie selon les niveaux fédéral, étatique et local.

Au niveau fédéral (national), les ambroisies ne sont pas classées sur la liste des plantes nuisibles fédérales. Cependant, le USDA (United States Department of Agriculture) et l’APHIS (Animal and Plant Health Inspection Service) imposent des restrictions sur l’importation, le transport inter-États et la manipulation des graines d’ambroisie. Une autorisation est requise pour la recherche scientifique ou toute manipulation à des fins d’étude.

À l’échelle des États américains, la réglementation est beaucoup plus ciblée et stricte. Par exemple, l’ambrosia trifida est classée comme nuisible dans quatre États : la Californie, le Delaware, le New Jersey et le Wisconsin, sous le Federal Seed Act (USDA, 2025). De plus, plusieurs autres États, comme l’Illinois et le Minnesota, ont également adopté des législations spécifiques pour contrôler la propagation de l’ambroisie. L’Ambrosia tomentosa, la Ambrosia grayi et la Ambrosia psilostachya sont également classées comme nuisibles dans certains Etats. Les mesures étatiques incluent souvent l’obligation pour les propriétaires fonciers de contrôler ou d’éradiquer la plante, sous peine d’amendes en cas de non-conformité. Dans certains cas, la vente, la culture ou le transport de ces plantes à l’intérieur de l’État est interdit, ce qui montre l’importance de réguler la présence de ces plantes invasives pour protéger les écosystèmes locaux (USDA, 2025).

Au niveau local (municipalités), les réglementations peuvent être encore plus strictes. Des comtés mettent en place des plans de gestion spécifiques visant l’éradication de l’ambroisie. Par exemple, l’Ambrosia artemisiifolia ) est listée comme une plante nuisible dans le comté de Baker, Oregon. Les réglementations locales peuvent imposer des priorités d’éradication et des mesures strictes pour prévenir la propagation de l’ambroisie, et elles sont parfois plus sévères que celles imposées au niveau de l’État (Baker County Oregon).

Efforts de Sensibilisation et Collaboration pour la Gestion de l’Ambroisie

Aux États-Unis, la gestion de l’ambroisie implique une collaboration entre différentes entités publiques et privées à l’échelle nationale et locale. L’USDA et l’APHIS jouent un rôle central dans la surveillance et la gestion des plantes nuisibles, en coordonnant les efforts de sensibilisation et de recherche scientifique. Les gouvernements locaux et les comtés financent également des initiatives spécifiques pour surveiller la présence d’ambroisie. À l’échelle locale, les autorités peuvent développer des plans de gestion plus adaptés, répondant aux particularités géographiques et écologiques de chaque région.

Rédaction : Marine AUDONNET, FREDON France