Article rédigé par Adrien DELFORGE, Observatoire Wallon des ambroisies. Voir aussi la lettre de l’Observatoire des ambroisies n°43 – janvier 2025
Quelles sont les espèces d’ambroisies présentes en Belgique ?
Selon Montagnani et al, 2017, 3 espèces d’ambroisies, toutes exotiques, sont présentes en Belgique (1) :
- Ambrosia artemisiifolia, la plus fréquente
- Ambrosia trifida
- Ambrosia psilostachya
Cependant, seule Ambrosia artemisiifolia est actuellement observée de manière régulière sur le territoire belge. Les deux autres espèces sont présentes de façon sporadique et ne parviennent pas, pour l’instant, à former des populations stables.
L’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) a été signalée pour la première fois en Belgique en 1883(2), une date similaire à celle d’autres pays européens. En 1979, une quarantaine de populations isolées étaient recensées dans le pays. À cette époque, l’espèce restait sporadique et n’était pas encore considérée comme naturalisée (totalement acclimatée).
Aujourd’hui, l’ambroisie est classée comme naturalisée localement, avec plusieurs centaines de populations identifiées dans les trois régions du pays, certaines comptant des centaines, voire des milliers de plantes. Néanmoins, on considère toujours la plante en début d’invasion, car elle reste majoritairement cantonnée aux jardins et à d’autres milieux perturbés, ce qui la rend encore relativement rare.
Modes d’introduction et distribution
En Belgique, la majorité des introductions d’ambroisie sont associées aux graines utilisées pour l’alimentation des oiseaux. Par conséquent, les foyers sont principalement localisés en zones urbaines (poulaillers, mangeoires, bords de cours d’eau), tandis que les zones agricoles sont pour le moment peu touchées.
Bien que la présence de pollen ait été confirmée à Bruxelles et en Wallonie, il est difficile de savoir si ce pollen est produit localement ou s’il provient de plantes situées à plus grande distance. À ce jour, les quantités relevées, bien que préoccupantes, restent insuffisantes pour causer des impacts sanitaires significatifs.
La Belgique reste encore relativement épargnée par le fléau que représente l’ambroisie. Toutefois, la situation exige une attention constante pour éviter une progression de l’invasion, qui pourrait entraîner des conséquences majeures, tant économiques que sanitaires.
Quelles mesures sont mises en place en Belgique ?
Depuis 2020, la Région wallonne a créé l’Observatoire wallon des ambroisies (OWA)(3), accessible via son site web. Ce projet, animé par Gembloux Agro-Bio Tech et financé par la cellule permanente Environnement-Santé du Service Public de Wallonie, a pour mission de sensibiliser, surveiller et gérer les populations d’ambroisie présentes en Région wallonne.
En 2025, l’OWA a permis l’éradication d’une quarantaine de foyers et assure actuellement la surveillance et la gestion de plus de 120 sites contaminés. Ce dispositif constitue un levier essentiel pour freiner l’expansion de l’espèce et limiter ses impacts sur la santé publique.
Merci à Adrien DELFORGE de l’Observatoire Wallon des ambroisies pour la rédaction de cet article.
Sources :
(1) C. Montagnani, R. Gentili, M. Smith, M. F. Guarino & S. Citterio, 2017. The Worldwide Spread, Success, and Impact of Ragweed (Ambrosia spp.), Critical Reviews in Plant Sciences 36(3):1-40
(2) Martin & Lambinon, 2008. L’ambroisie annuelle en Belgique. Natura Mosana, 61 (2), 31-46
(3) Delforge, A. & Monty, A. (2024) Rapport d’activité 2023 de l’observatoire wallon des ambroisies. Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech, 19 pp.