Sur cette page, vous pouvez vous informer sur la situation de l’ambroisie dans le monde. Quels sont les autres pays qui sont envahis par l’ambroisie ? Quelles espèces d’ambroisie y sont présentes ? Comment gèrent-ils la problématique ? Quels moyens de gestion et de lutte sont mis en place, chez nos voisins européens, mais aussi de l’autre côté du globe ?
L‘Observatoire des ambroisies a effectué un travail de recherche et de recensement de la problématique ambroisie dans les différents pays. Cette page, à parfaire de nouvelles informations, sera régulièrement mise à jour. »
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Il y a plusieurs espèces d’ambroisie ?
Selon le Catalogue of Life, il existe 49 espèces d’ambroisies (du genre Ambrosia) à travers le monde. Parmi ces espèces, certaines sont particulièrement surveillées en raison de leur impact sur la santé humaine (pollen allergisant), mais aussi pour les lourdes problématiques agricoles et environnementales qu’elles provoquent. Certaines ambroisies ont voyagé à la faveur des déplacements des humains et quelques espèces ont pu survivre, se reproduire et parfois proliférer, entrainant des conséquences négatives. On les qualifie alors de plantes exotiques envahissantes. C’est le cas par exemple de l’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.) qui a réussi à s’implanter sur l’ensemble des continents.
Comment l’ambroisie est-elle arrivée en Europe ?
Les ambroisies ont tout d’abord été transportées en Europe et cultivées dans des jardins botaniques. Par la suite, l’intensification des transports et du commerce mondial, notamment les semences de cultures et de fourrages contaminées, ont été responsables de plusieurs épisodes d’introduction. A noter que la plante peut être qualifiée en France de « polémochore », c’est à dire « introduite par des forces d’occupation dans une région en conflit ». En effet, à l’occasion des deux guerres mondiales, elle a été transportée par les américains, d’abord dans le fourrage des chevaux, puis dans les chenilles des chars militaires. Ensuite, elle s’est propagée par les transports de matériaux, les récoltes contaminées, les aliments pour animaux, etc.
L’Ambroisie à feuilles d’armoise est signalée dans les jardins botaniques à partir du 18e siècle. En Europe, sa première observation date de 1836, au Royaume-Uni. L’Ambroisie trifide est signalée dès le 17e siècle dans les jardins botaniques (par exemple en 1699 au Royaume-Uni). Cependant, la plus ancienne population retrouvée à l’état sauvage a été signalée en Belgique où A. trifida a été signalée en 1829.
Toutes les populations d’Ambroisie à feuilles d’armoise viennent du même endroit ?
Des scientifiques se sont intéressés à la structure génétique de la population mondiale d’Ambroisie à feuilles d’armoise. Ils ont ainsi trouvé des preuves d’introductions multiples d’A. artemisiifolia au sein de son aire de répartition invasive : une diversité génétique plus forte dans l’aire d’envahissement que dans l’aire d’origine indique qu’il y a eu une longue série de réintroductions successives, provenant de populations sources différenciées et qui ont contribué au renforcement des populations déjà en place.
En Europe, les introductions initiales proviennent probablement de deux régions différentes de la zone d’origine : les populations établies en Europe centrale semblent provenir de l’est de l’Amérique du Nord, et les populations d’Europe de l’Est de l’ouest de l’Amérique du Nord.
Pourquoi un tel succès dans cette invasion ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi l’Ambroisie à feuilles d’armoise a réussi à tant proliférer dans le monde.
D’abord ses caractéristiques biologiques et écologiques en font une espèce qui peut rapidement se propager : elle peut se développer avec succès dans des conditions très variables, pouvant proliférer sur des sols extrêmement riches ou dans des conditions stressantes et pauvres en nutriments comme des sables de bord de rivière. Un pied d’ambroisie produit de nombreuses graines (en moyenne 3000) qui peuvent persister dans le sol (> 10 ans) et assurent ainsi à la population de perdurer dans le milieu. La plante étant une espèce pionnière, c’est à dire qui colonise ou recolonise un espace écologique donné après une perturbation, elle trouve quantité de milieu qui lui conviennent parfaitement (bords de route, cultures, chantiers, travaux, bords de cours d’eau, etc.).
Ensuite, dans les nouvelles zones qu’elle envahit, elle ne rencontre souvent pas de régulateurs naturels. Dans son aire d’origine, l’ambroisie a co-évolué avec un cortège d’espèces dont certaines pouvaient par leur présence réguler sa présence (phytophagie, maladies, etc.). Ces espèces (insectes, champignons, bactéries, etc.) ne sont pas forcément présentes dans son aire secondaire, lui facilitant la tâche !
Enfin, le succès pourrait aussi s’expliquer par ses caractéristiques génétiques : il y a eu des apports multiples génétiques lors des différents épisodes d’invasion, permettant ainsi de maintenir un brassage génétique. Ce brassage a permis la conservation de mécanismes adaptatifs permettant d’activer des traits physiologiques différents à partir d’un même gène (=pléiotropie). Cette caractéristique lui permettrait de s’adapter plus facilement à des perturbations de son environnement.
Sources :
(1) C. Montagnani, R. Gentili, M. Smith, M. F. Guarino & S. Citterio, 2017. The Worldwide Spread, Success, and Impact of Ragweed (Ambrosia spp.), Critical Reviews in Plant Sciences 36(3):1-40.
(2) Thibaudon M., 2016. Histoire de l’ambroisie et de l’allergie au pollen d’ambroisie. Eanviron Risque Sante; 15 : 115-125. doi : 10.1684/ers.2016.0843
(3) Hämälä et al, 2020. Pleiotropy facilitates local adaptation to distant optima in common ragweed (Ambrosia artemisiifolia), PLoS Genet 16(3): e1008707