En milieu agricole – Cultures

Le développement de l’ambroisie dans les cultures peut être spectaculaire du fait de la taille et de la densité des populations. C’est aussi le milieu dans lequel le rôle du stock de semences est le plus important.

Gestion préventive

Elle consiste à limiter le nombre de plantes avant l’installation de la culture.
Les pratiques de faux semis consistent à faire lever le plus grand nombre d’ambroisies puis à les détruire par une pratique de désherbage mécanique ou chimique. Le faux semis a pour effet de faire diminuer la densité de semences d’ambroisies dans les horizons de surface une fois la culture en place. Cette pratique est d’autant plus efficace si elle est accompagnée d’un retard de la date de semis de la culture qui favorise la levée des ambroisies et donc leur destruction.

La rotation des cultures, avec l’insertion de cultures d’hiver, permet de ne pas favoriser l’ambroisie, mais nécessite malgré tout de développer une gestion stricte de l’interculture (voir fiche Milieu agricole « Intercultures »). Une bonne connaissance de la présence d’ambroisie dans une parcelle permet d’en améliorer la gestion.

Invasion d'Ambroisie à feuilles d'armoise dans une culture de Tournesol. Crédits : Observatoire des ambroisies FREDON France

Gestion curative

Elle consiste à limiter le nombre de plantes et leurs effets dans la culture installée.

TECHNIQUES AVANTAGES  INCONVÉNIENTS APPLICATION/PRÉCAUTIONS
Arrachage
manuel
Technique très efficace pour un nettoyage complet d’une zone (entrée de parcelle, petites taches d’ambroisie). Limitée à des surfaces réduites
Coût
Temps de travail
Pénibilité
Exposition au pollen
Port de protections.
Arracher avant la floraison pour une meilleure efficacité et pour éviter l’exposition au pollen.
Semis de plantes de couvert en association Compétition pour l’espace et les ressources pour diminuer la croissance de l’ambroisie. Pratiques innovantes et délicates à mettre en œuvre
Compétition pour la culture Gestion de la récolte
Choisir des cultures assurant une couverture suffisante pour limiter le développement de l’ambroisie.
Les mélanges à semer (graminées + légumineuses par exemple) sont à adapter à la région, au type de sol et aux systèmes de culture.
Désherbage mécanique
(Binage, hersage, houe rotative)
Destruction précoce de l’ambroisie – De 75 à 90% d’efficacité – Limitation de la production de pollen et de semences. Efficacité liée aux conditions climatiques
Efficacité limitée sur le rang
Efficace aux stades précoces
Adéquation outil de désherbage au stade de la culture et de l’ambroisie Risque de nouvelles levées.
Désherbage chimique Gamme de produits qui permettent le contrôle de la plante dans pratiquement toutes les cultures Coût – Problèmes sanitaires et environnementaux – Peu de solutions dans le tournesol et le soja – Risque de résistance aux herbicides. Choix du produit le plus adéquat en fonction de la culture et des conditions de milieu – Protection de l’applicateur.

L’écimage déconseillé

Deux expérimentations Terres Inovia conduites en 2021 et 2022 montrent que les ambroisies écimées sont capables de refaire autant de graines viables que celles sans écimage. Pire, selon la période d’écimage cela peut prolonger la floraison et donc l’émission du pollen allergisant. Ainsi, l’écimage n’est pas recommandé sur ambroisie.

Voir les résultats des expérimentations Terre Inovia

Le problème de la résistance aux herbicides

Sur le continent américain, l’ambroisie est connue pour développer des résistances à différentes familles d’herbicides dont une résistance au glyphosate.

Aussi, il est impératif qu’une réflexion soit menée en France pour éviter la sélection de plantes résistantes ce qui rendrait la gestion de l’ambroisie beaucoup plus complexe.

Quelle que soit l’efficacité d’une matière active, son utilisation de façon répétitive sur des populations de forte densité ne peut qu’amener à court ou à moyen terme la sélection d’individus résistants.

Il est donc nécessaire – dans la mesure du possible – d’alterner les méthodes de désherbage (mécanique, chimique), d’alterner les cultures (éviter les cultures favorables à l’ambroisie dans les parcelles avec de forts stocks de semences) et de vérifier que, d’une culture à l’autre, il y a changement des modes d’action des matières actives utilisées.

Les méthodes préventives (faux semis, gestion de l’interculture) sont nécessaires pour « déstocker » les semences d’ambroisie dans les parcelles et faciliter des pratiques de gestion efficaces et respectueuses de l’environnement.

Une nécessité : contrôler les différentes levées d’ambroisies

La capacité d’adaptation et de tolérance de l’ambroisie aux pratiques de désherbage implique la combinaison de plusieurs méthodes de gestion pour obtenir un résultat satisfaisant. Dans les cas de fortes densités, les levées très étalées dans le temps (d’avril à juillet) de l’ambroisie rendent la tâche complexe du fait du manque de méthode tardive efficace.

Sur une culture estivale (maïs, soja, tournesol), la possibilité d’alterner les désherbages mécaniques et chimiques offre néanmoins des solutions de gestion sur le rang et l’inter-rang de la culture. L’ écimage est possible sur soja avant floraison de l’ambroisie, mais comme solution de dernier recours.

Le faux semis et/ou un semis tardif permettent l’élimination des levées précoces. Une fois la culture installée, des méthodes de désherbage mécanique adaptées aux types de sol (bineuse, herse, sarcleuse à doigts) avec un ou deux passages, éliminent les levées suivantes.

Enfin, pour empêcher la réalimentation du stock de semences (à partir des plantes survivantes ou des nouvelles plantes levées), deux techniques donnent des résultats satisfaisants : le désherbage chimique ou l’arrachage manuel dans le cas de faibles densités ou de plantes isolées.

Une gestion rigoureuse de l’interculture reste un complément indispensable.